12 mai 2018

Hors-Propos: La vie en noir et blanc

(Le sujet hors-sujet!)

Bien sûr ce blog-photo est consacré à la photographie au sens large de ce sujet déjà vaste et presqu'infini. Mais comme plusieurs autres bloguistes, il m'est souvent difficile d'éviter d'aborder des sujets plus en périphérie du domaine de l'image fixée. Après tout si la photo est un témoignage interprété en prise directe de la réalité, ses auteurs n'en demeurent pas moins les initiateurs d'une telle démarche créative. Contexte, sensations, expériences personnelles font partis intégrante du contenu implicite de l'oeuvre photographique. Suivant cette perspective élargie, je me permets donc et de façon tout à fait impertinente d'ajouter maintenant des sujets "hors-propos" inspirés par la vie et les événements de tous les jours ou encore tirés du passé.

La vie en noir et blanc
Comme je suis issu de cette génération de l'après-guerre (de Corée!!!), non seulement l'image fixe ou animée a fait parti de ma culture visuelle mais surtout celle émanant d'un poste téléviseur en noir et blanc qui était le lot de tous à cette époque. D'ailleurs la qualité de l'image représentée à l'écran restait  hautement variable en ces temps héroïques de la diffusion gratuite des ondes. En conséquence par exemple plusieurs classiques du cinéma ont d'abord été visionnés en noir et blanc malgré leur format couleur d'origine. Il y avait la couleur pour la vrai vie et le noir et blanc pour le cinéma, l'actualité, le sport et la culture en général. Cela s'appliquait aussi pour la plupart des publications quotidiennes à l'exception notable des magazines comme Life ou Paris Match.

De sorte que la vision en noir et blanc de ce monde est devenue une sorte de référence culturelle quasi-universelle de ma génération. Mentalement nous avons même conservé un réflexe implicite à considérer une plus grande vraisemblance provenant des images en noir et blanc. Et même à l'exemple des décennies 1960 et 1970, le noir et blanc a gardé toute sa pertinence et sa fraicheur créatrice. Et aujourd'hui ce phénomène se perpétue toujours.

Car la représentation en noir et blanc a cette qualité graphique de définir plus facilement les contours du sujet sans distraction et d'accentuer les contrastes entre les zones sombres et lumineuses. Il nous apparait plus facile de décortiquer les éléments d'une image noir et blanc pour ensuite en déduire les interactions i.e. en apprécier la profondeur et e contexte. L'image ainsi retenue semble s'enregistrer plus distinctement dans notre esprit. Bien entendu l'abstraction des couleurs d'un sujet est un fort biais d'interprétation qui occulte une partie importante de la perception plus complète du sujet photographié. Par exemple pour toutes ces superbes photos-reportages de la guerre du Vietnam l'omission de la couleur exclut toute la richesse visuelle du contexte environnemental du sujet, entre autres la riche verdoyance du pays.

Et donc le noir et blanc n'est pas une panacée en soi quant on parle d'art ou de pratique photographie. C'est d'abord et avant tout une limitation technique sur laquelle plusieurs ont su avec ingéniosité et élégance recréer un univers visuel original. On peut parler même d'un effet photographique au même titre que d'autres filtres photographiques aujourd'hui aisément disponibles sur plusieurs appareils photo numériques ou à partir de plusieurs logiciels de post-traitement du fichier original (le négatif électronique d'aujourd'hui) de l'image. Mais l'intérêt même de cet effet noir et blanc reste son caractère historique universel bien ancré dans nos sociétés de maintenant.

Quand nous redécouvrons les images de notre passé en couleur aujourd'hui nous sommes surpris d'en nuancer notre ancienne interprétation plus radical car la représentation en couleur présente une palette plus étendue de tons et volumes associés au sujet et au contexte. Il y a donc une certaine radicalité de l'interprétation faite en noir et blanc, un genre de parti pris visuel si vous préférez. Il ne s'agit pas pour autant d'une facilité contrairement à ceux qui s'y opposent en prétextant sa facilité car ces mêmes personnes ont souvent de la difficulté à produire de bonnes images en noir et blanc. Et pour cause car car le noir et blanc exige une bonne maitrise de l'univers graphique, du jeu des contrastes et des nuances pour éviter une image confuse et à plat (sans volume). Le noir et blanc n'est donc pas un effet facile.

Avec la venue prépondérante de la photographie numérique, pratiquement tous les modèles d'appareils photo numériques contemporains vous offrent une option noir et blanc avec dans certains cas des variantes intéressantes. De plus vous pouvez également modifier votre image en post-traitement en variant certains paramètres typiques au format noir et blanc, un fichier RAW vous fournissant plus de latitude qu'un fichier JPEG "prêt à partager". Avec la nouvelle visée électronique (EVF) vous pouvez afficher votre image noir et blanc dès avant la prise de vue, un avantage considérable par rapport aux anciens photographes qui devaient anticiper le résultat tant bien que mal. Il y a donc une véritable renaissance de l'effet noir et blanc en ce moment.

Certes vous l'avez sans doute deviné que je demeure un ardent défenseur de l'effet noir et blanc mais sans exclure la couleur de ma palette d'interprétation de l'univers visuel qui nous entoure. Le fait est que le noir et blanc a été longtemps porteur de l'art et la pratique de la photographique et qu'à ce titre il reste toujours un des effets photographiques les plus intéressants à explorer et à partager entre nous.




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